On dirait qu'on serait pas mercredi 1^e juin, et qu'on serait pas assis devant l'ordinateur avec un téléfilm vaseux en fond sonore.
On dirait qu'on serait tellement fous qu'on serait partis faire le tour du monde en tongs. On aurait balancé nos idées par dessus l'épaule, mis nos rêves dans notre baluchon, et on serait partis.

Allez viens, tudututu.

Et on s'est pris par la main, en souriant mais sans trop parler pour mieux écouter, on a pris n'importe quelle direction. Comme quand on jouait à Colin Maillard et qu'on faisait tourner sur lui-même celui qui avait le foulard sur les yeux, pour qu'il perde l'orientation et ne sache plus ou aller.

On a fermé les yeux et tourné, le doigt tendu devant nous. Et quand on n'a plus eu de sol sous les pieds, qu'éclatés de rire on est tombés par terre, le doigt toujours tendu on s'est laissés ouvrir les yeux.
On a regardé dans quelle direction pointait notre doigt et on est partis vers là-bas. Les doigts entrelacés, et les envies emmêlées, le bruit de nos pieds sur le bitume brûlant et nos respirations en cadence.

Comme dit l'autre, là-bas où tout est neuf et tout est sauvage et tralalère, si ça existe vraiment, sauf qu'on est ensemble. Ensemble, c'est tout comme dans le bouquin.
Et on balance toutes les théories dans le fossé, parce que c'est pas un très joli mot si on n'est pas un scientifique comme il faut. Et on n'a envie de garder que les jolis mots.
Les jolis, et ceux qui sont tout doux, ceux qui chatouillent dans le cou, ceux qui remuent le ventre, ceux qui soufflent dans les cheveux, ceux qui réchauffent les doigts, ceux qui murmurent des secrets à l'oreille, ceux qui embrassent nos lèvres.

Il paraît que c'est n'importe quoi de se laisser porter par ses envies comme ça, qu'on n'est pas dans un roman de gare. Il paraît qu'écouter les petites voix dans sa tête qui insistent pour qu'on laisse tomber le stylo et la calculette, c'est pas bien, et ça mêne à rien.

Alors on y va, à Rien.

Et tant mieux si on croise Tout, N'importe quoi, et les autres.