Et puis j'ai les petites angoisses qui picotent ma gorge, parce que la grand-mère de mon binôme est à l'hôpital et que je voudrais pas qu'il se passe un irrémédiable.
C'est peut-être égoiste, mais j'aurais du mal à l'aider à supporter son chagrin, et je me sentirai tellement nulle d'être dépourvue d'aide.

Je me sentirai nulle.

Au bout de mes doigts, cette après-midi, les mots qui se battaient pour sortir et se dessinaient sur l'écran de mon ordinateur. Partie ailleurs, j'étais eux. Je retenais ma respiration pour mettre des mots sur leurs émois, c'était vite. C'était agréable.

M'ont pas échappé mes mots.

J'ai pas répondu au message de ce gars qui a voulu me tenir compagnie vendredi aprè'm et m'a tenu la conversation jusqu'à ce qu'il soit l'heure que je parte.
Il ne me plait pas. Il m'a rien fait. Même pas intéressée, à peine fait rire. Je n'avais même pas l'impression d'avoir rencontré quelqu'un. Etrange.
C'est peut-être une bêtise de pas répondre. Il m'avait proposé des cours de voile.
Il n'a pas remué le moindre petit truc à l'intérieur de moi, à peine une vague sympathie. Même pas.
Et il était plus petit que moi.

(Putain, mais si tu t'attardes sur des trucs comme ça, tu veux aller où ?)

Non, mais y avait pas que ça aussi. Y avait ces façons d'insister, la réaction de dégoût face à la bissexualité -principe d'intolérance de l'intolérance- [non Feu je suis pas bi], toutes ces choses qu'il a dites et que je n'ai pas contredites par politesse.

Je me dis qu'en fait c'est un vague reflet de la petite maturité que j'ai gagné : je suis capable d'échanger plus de deux mots avec un inconnu.

Et puis.
Demain on prépare l'oral.
Mardi, je commence ma formation pour mon futur travail surper épanouissant.
Mercredi, on passe l'oral et peut-être même on aura les résultats des épreuves qui étaient longues, ou pas si difficiles que je l'aurais cru, ou plutôt glop, ou exaltantes parce que difficiles et faites.
Et jeudi je commence à travailler.

Vade retro telephone.