Hier soir, je rentrais joyeuse. Guillerette dirait-on. Comme je ne pouvais pas vraiment me permettre de faire le trajet entre le métro et chez moi en sautillant et en chantonnant au rythme de 'Poêmes' des Hurlements d'Léo, je balançais mon sac au bout de mes doigts.


A un rythme assez désordonné, je le faisais tanguer de bas en haut, il heurtait les buissons, mes genoux, repartait, puis s'arrêtait, et dans ma tête je chantais très fort Elle me parle d'amour sincèreuh et de douceuh sensations alors quand vient le matin j'ai oublié mon prénom ! Tudududududududududududu...


Mais aujourd'hui, j'étais une mauvaise funambule de l'humeur.
Impossible de rester comme il faut, je riais quelques fois, j'étais aimable au téléphone et d'un coup, mon esprit partait.
Il partait loin, et. Non. Il ne partait pas si loin en fait. Des contrées (un peu trop) connues, où il va souvent se réfugier, un peu de chaleur, de la douceur, et d'autres idioties.
Et je n'arrivais pas à l'en faire sortir.


J'ai été particulièrement silencieuse à certains moments, avec l'envie brutale d'envoyer ballader les gens qui me parlaient. D'envoyer ballader Fred, et j'ai été trop froide, mais c'est passé.

J'ai alterné avec brio les plaisanteries, les éclats de rire et les silences moroses à essayer de me convaincre de revenir avec eux, de leur sourire et de prendre part à la conversation.
Marchait pas.
Ma tête préférait là-bas, et puis j'y étais pas trop mal au fond.

Une fois seule dans le métro, j'ai mis de la musique et en me laissant flotter au rythme des notes, j'ai ouvert grand la porte aux promenades idiotes que voulait faire mon esprit.
La tête vaguement dodelinante, le regard flou, je m'ailleurs.


Ce n'était pas désagréable, et mes jambes n'étaient pas très stables en sortant du métro.
Sur le chemin, c'était pareil, mon esprit vagabondait joyeusement, criant au loup, au feu et youpitralala. Moi je le laissais faire, j'étais avec lui, je me laissais rêvoter à n'importe quoi.


La tête instable, il m'aurait fallu une gifle pour me remettre d'aplomb. Mais.

En ouvrant la porte, mes yeux se sont posés sur le papier orange et jaune et l'écriture de Mylène. Mon esprit a fait une révérence aux idioties qu'il fréquentait et est revenu parmi moi. 
Une lettre de Mylène.
Ouf.
Le sourire idiot qui s'est peint sur mes lèvres n'est pas vraiment reparti.

Et ses mots tout doux qui résonnent encore un peu, la lettre que je vais relire, et le soulagement qui me caresse tout l'intérieur.
Je me dis qu'elle est vraiment indispensable, essence ciel, à mon équilibre.
Et vivement le mois d'août.

La poutre sur laquelle je dansais me semblait trop fine et presque toute pourrite, mais non. 
Je suis remise d'aplomb. 
J'ai vu les solidifications sur la poutre, je vois tout ce(ux) qui me supporte(nt).  

Je devrais réussir à me contrôler.