On dirait qu'on serait plus obligés de porter des chaussures.

On pourrait se promener pieds nus, partout, tout le temps, et il n'y aurait pas ces regards sourcils haussés, planté dans le mien.
Tiens, t'es pieds nus toi ?

Et sentir sous la plante de nos pieds toutes les aspérités de l'asphalte.
J'aime ce mot, l'asphalte.
J'aime le sentir sous mes pieds, alors, quand il est chauffé par le soleil et que ma peau se pose doucement dessus. Sentir les inégalités, les petits cailloux qui roulent sous les pas et les petits trous dans lesquels se glissent les orteils.

Le bitume brûlant qui me pique la plante des pieds, mais rester quand même. Certains font du jogging, je me mets à l'épreuve en posant mes pieds sur le bitume chaud.

Je pense à Alvin, qui court porté par le chant vert de la forêt et qui ne peut s'empêcher d'admirer l'oeuvre de l'homme même si elle tue la forêt.
Allez, viens.

L'herbe fraîche, un peu humide sous la peau. Qui chatouille et qui caresse. Enfoncer les doigts (de pied) entre les brins d'herbe, puis dans la terre humide. M'appuyer sur le sol, respirer l'odeur, et puis mes pieds salis.

Je mélange la douceur du sable, et la dureté des cailloux.
Ma peau goûte à l'eau sâlée, puis va se heurter à la digue. Qui vont s'accrocher aux rochers pour ne pas perdre l'équilibre, et puis je regarde au travers de mes orteils en éventail.

Je pose mes pieds sans réfléchir, ça coupe un peu et puis on recommence.
Les chaussures à la main, mes pieds me murmurent qu'ils aiment bien ça.

Il y a le vent sur la peau nue de mes bras, le sel qui s'emmêle dans mes cheveux, mes yeux qui plissent au soleil, mes mains volent et mes pieds nus qui rythment le tout.

On dirait qu'on serait pas obligés de faire comme si c'était marrant d'avoir des chaussures.
Comme pour le reste.