En lisant Feu, j'ai pensé à la vague idée de repenser à l'année écoulée.
Et puisque ce soir, ma tête ne fait pas beaucoup de vagues, j'aurai une réflexion cousue de fil gris et que j'n'aurai pas trop de mal à guider mes pensées sur un chemin pas si droit que ça.
Comme le titre d'un roman à l'eau de bleuet.
Souviens-moi.
Parce qu'y a un an je commençais à sentir les années lycée partir en volutes.
Comme une vue un peu plus grande, un peu lointaine, je voulais continuer de croire que ça irait bien pareil, qu'il y aurait des autres et qu'il n'y aurait plus d'autres, mais je savais bien que certaines choses ne seraient pas exactement comme je voudrais qu'elles restent dans le carton pas trop miteux de mes idées.
Maintenant, c'est comme si j'avais la tête levée vers le ciel bleu pour voir s'échapper la fumée des cigarettes.
Parce qu'au lieu de passer l'été à savourer le soleil, à rêver, lire ou gagner de l'argent, j'ai passé deux ou trois mois à réparer une erreur commise en 2de.
Et que j'ai dû laisser échapper deux ou trois moments que j'aurais dû avoir.
J'en ai sué froid, bavé chaud et j'ai envoyé valser des bouquins à travers la pièce. J'ai crié et fermé les yeux très fort en pensant (me) laisser tomber, mais mes doigts n'ont pas totalement glissé du bord de la marche et je (me) suis remontée.
Maintenant je suis d'aplomb. Et tout ça presque toute seule.
Estudiantinement parlant, je suis la meilleure funambule du monde.
Parce que je l'aurais les doigts dans le nez, que je suis forte, et que ça ne les étonne pas de moi.
Et que j'aime ça, étudier.
Ca oui, l'année universitaire, ça a été le pied et les orteils dans le nez. Avec plus de café que de cours, avec quelques connaissances très précieuses, celles qu'on garde aussi délicieuses, les découvertes culturelles, littéraires, musicales. Et la réussite avec un minimum de travail, on se raille en rigolant, on se traite de glandeuse, oui j'ai réussi en travaillant encore moins qu'en 2de, réussi les mains en l'air et j'en suis fière. Et j'aime toujours autant les maths, plus elles sont abstraites plus elles sont belles.
Sentimentalement parlant j'ai appris comment on a mal au ventre de perdre quelqu'un en se disant que c'est sa faute et que putain mais ta gueule t'as tout fait foirer.
Et même si mon estomac crie au loup quand elles se retrouvent dans mes environs, en y repensant, c'était pas tellement ma faute et j'ai pas tant perdu.
Ca fait bizarre que je dise ça ?
Non, non parce que si elles m'avaient pas plantées là sous prétexte d'une méchanceté plutôt due à un ras-le-bol, besoin de soutien, et aux médisances de l'autre conne, je n'aurais sûrement pas aussi bien connu ces autres.
J'aurais eu moins de proximité avec AnneMarie, Alex, Sibylle, j'aurais donné moins d'importance aux mots doucement coulés avec Typhaine et les autres. Et elles ne m'auraient pas laissée me colorier. Bête, hein, mais je n'aurais pas cherché tant de légèreté, pas d'accroche-cieux aux Têtes Raides, et laissé tomber les idéaux qui leur faisaient hausser les narines.
Et j'aurais perdu au change.
J'ai eu de la chance pour le coup. De poignard qui a crevé l'abscès.
Echange amitié peu ou prou contre part de rêves en nuagés.
Mais en plus. Ce qui n'a pas voulu changer me pèse sur la nuque.
J'aurais bien voulu un amoureux.
Croise les doigts, c'est pour l'an prochain ?
En plus y a Lui qui veut pas se laisser partir, et ma tête qui tourne en rond. Je suis un serpent qui n'en finit jamais de se bouffer la queue. Chaque fois mon ventre se retourne contre moi.
Je ne fais toujours rien ou pas assez.
Et surtout pas pour le faire partir.
J'aurais pu l'évader, mais y a eu l'allemand, et son regard qui caresse le mien chaque mardi. Et la proposition de recommencer. Les éclats de rire avec AM, les plaisanteries, et Céline. Céline.
Ma Responsabilité, ma Protégée. M'occuper d'elle me fait du bien.
J'ai grandi.
Putain, ce que j'ai grandi.
Je m'analyse, me regarde partout.
Je suis moins méfiante.
Je suis moins moche.
Je suis moins timide.
Je suis plus sûre de moi.
Je suis plus légère.
Je suis plus tolérante.
Toujours aussi égocentrique.
J'ai toujours aussi peur.
Peu importe.
La peur, ça se piétine.
Même si ça fait des taches.
Même avec les pieds nus.
Commentaires :
Re:
Ca me fait comme dans les films de Miyasaki quand j'piétine la peur, entre les orteils des machins tous gluants, étranges, comme entre les orteils de Chihiro quand y a l'espirt qui vient se faire laver, et beurk un peu.
Mais c'est pas si mal, en fait.
C'est un peu le signe que l'écriture, ça circule. Et j'aime bien ça. C'est vivant.
Oh, je ne sais pas si je suis très claire...
:)